
Il est difficile de donner un premier bilan de la politique économique de Joe Biden, tant elle a été limitée par la crise sanitaire puis le choc énergétique lié à la guerre en Ukraine. La question est de savoir si le gouvernement américain en a trop fait dans cette gestion de crise. Certains économistes de premier plan, dont l’ancien secrétaire au Trésor Larry Summers, estiment que les politiques monétaires (afflux de liquidités) et budgétaires (accumulation des déficits publics) sont responsables de la flambée de l’inflation. Nous inonderions l’économie d’argent grâce à l’impression de billets et à des plans de relance répétés, ce qui alimenterait l’inflation pour toujours.
L’augmentation de la masse monétaire ne fait aucun doute
La réalité est que l’augmentation de l’indice des prix à la consommation n’a pas été causée par l’augmentation de la masse monétaire. La politique monétaire plus qu’accommodante menée par la Réserve fédérale pendant et après la crise de 2008-2009 n’a pas provoqué de pic d’inflation, bien au contraire. Actuellement, des pays comme le Japon et la Suisse ont à la fois des taux d’intérêt bas et une faible inflation. Les causes de l’inflation ne sont pas non plus à chercher du côté du déficit public, qui s’est creusé en raison des plans de sauvetage économique visant à préserver les revenus des ménages et des petites entreprises. Ce phénomène est clairement lié à des chocs exogènes, comme une hausse brutale des prix de l’énergie ou une hausse brutale de la demande à la sortie d’une crise sanitaire. L’impact est exacerbé par la désorganisation des chaînes d’approvisionnement.
Retard dans la transition écologique
Aujourd’hui, le seul objectif de l’administration Biden est de lutter contre l’inflation. D’où la mise en place du plan d’économie, qui ne mentionne pas son nom, le président préfère parler d’investissements de l’Etat dans le “vert”. Cependant, les projets annoncés sont minimes au regard de l’urgence climatique, puisqu’ils correspondent à 0,2% du PIB par décennie. La France se situe dans une fourchette de 3 à 4 % du PIB. Autant dire que les États-Unis de Joe Biden sont à la traîne en matière de transition écologique, ce qui rend l’économie américaine très compétitive à court-moyen terme par rapport à l’Europe.
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Côté devises, la Réserve fédérale se resserre, les taux directeurs devant atteindre 4,5 ou 5 % rapidement. Un niveau qui devrait être suffisant et qui sera sans doute maintenu encore un certain temps. Enfin, sur les marchés boursiers, un dollar fort contribue à réduire l’inflation importée. Avec une devise forte, des taux plus élevés et une austérité budgétaire stricte, tout est en place pour que la croissance des prix se modère.