
Publié le 28 novembre 2022
Shanghai, Pékin, Canton, Wuhan… des dizaines de milliers de Chinois ont manifesté tout le week-end pour dénoncer la politique stricte du gouvernement face au Covid-19. Le mouvement social généralisé, qui s’est répercuté sur les marchés boursiers asiatiques et mondiaux, inquiète les investisseurs face au risque social élevé et à la répression pesant sur la deuxième économie mondiale.
La colère monte au sein de la population chinoise contre la politique “zéro Covid” du gouvernement. Des manifestations ont éclaté ce week-end dans plusieurs villes du pays, dont Shanghai, où certains manifestants sont même allés jusqu’à exiger la démission de Xi Jinping, le président de la République populaire de Chine.
Lors d’un incendie dans un immeuble du quartier ouïghour d’Urumqi dans la nuit du 24 novembre, de la poudre à canon s’est enflammée. Il a tué dix personnes, selon les chiffres officiels, certains rapports en faisant état de 38. Les manifestants ont déclaré que les restrictions sanitaires en place dans la zone où se trouve le bâtiment ont ralenti l’arrivée de l’aide.
Pourtant, le mécontentement social face aux restrictions sanitaires couve depuis plusieurs mois. Quelques jours plus tôt, des employés de l’usine Foxconn, qui produit notamment l’iPhone d’Apple, s’étaient insurgés contre la décision de maintenir les ouvriers à l’usine en raison de cas d’infection au Covid-19. Plus de 20 000 des 200 000 employés du site ont décidé de partir, ce qui a poussé Foxconn à leur offrir des primes pour les inciter à rester.
Signes de faiblesse de l’économie chinoise
La Coupe du monde de football au Qatar a également provoqué la colère des internautes chinois. Ils ont vraiment eu l’occasion de voir des spectateurs en direct sans masque, qui pouvaient entrer dans le stade sans restriction. De quoi alimenter les incompréhensions des citoyens chinois confinés chez eux depuis des mois, et les faire remettre en cause les politiques sanitaires extrêmes de leur gouvernement.
Cette tension sociale intense dans le pays, que les observateurs comparent aux manifestations de la place Tiananmen en 1989, a des conséquences directes sur l’économie chinoise, qui montre des signes de faiblesse. Les marchés boursiers chinois ont chuté après les manifestations du week-end. Shanghai ou Hong Kong se sont réveillés dans le rouge après la chute des prix de grandes entreprises comme Alibaba ou Tencent. La chute s’est également propagée aux principaux centres financiers du monde. A Paris, le CAC40 a débuté la semaine en baisse de 0,35% après plusieurs jours de gains.
Les marchés financiers s’inquiètent des implications des mouvements sociaux en Chine sur la capacité de production de la deuxième économie mondiale. Si des tensions sociales surviennent régulièrement en Chine, elles ont tendance à rester au niveau local. Cette fois, les protestations ont eu lieu dans tout le pays et étaient directement dirigées contre la politique des autorités et la restriction des libertés.
Inquiétudes autour de la stratégie zéro covid
Cela fait “craindre que les troubles ne conduisent à une répression plus sévère de la part des autorités chinoises”, a déclaré à l’AFP Michael Hewson, analyste chez CMC Markets. Le mécontentement généralisé constitue une plus grande menace pour le gouvernement de Xi Jinping, qui semble jusqu’à présent n’avoir pas réagi.
Mais la stratégie de propagation zéro de la Chine pour Covid est également une source de préoccupation. Bien que le gouvernement ait montré des signes de revirement début novembre, une recrudescence des cas de Covid ces derniers jours pourrait le contraindre à reprendre des mesures de confinement strictes. “La réouverture de la Chine ne sera pas un jeu d’enfant, selon l’analyste de Swissquote Bank cité par l’AFP. Il semble que l’économie chinoise risque de souffrir davantage soit de mesures de confinement interminables et inutiles, soit d’une crise sanitaire majeure.
Arnaud Dumas, @ADumas5