
La baisse de la production de voitures neuves a affecté le marché de l’occasion.
Depuis 20 ans qu’il travaille chez Centrale, un hebdomadaire de voitures d’occasion devenu une plateforme en ligne, Jérôme Ponsin, son directeur général, n’a jamais vu une aussi forte hausse des prix des voitures d’occasion. De janvier 2020, qui correspond à la période d’avant-guerre, à décembre 2022, leur prix a augmenté en moyenne de 43,7 %, selon les données des vendeurs du Centre. Pour construire son indicateur, la plateforme s’appuie sur des centaines de milliers d’offres qui sont publiées chaque trimestre.
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Cette croissance sans précédent est associée à de nombreuses crises qui se sont succédées pendant près de trois ans et qui ont conduit à l’assèchement du marché automobile. En effet, la production et la fourniture de voitures neuves maintiennent généralement la fluidité du marché des voitures d’occasion. Les propriétaires de véhicules neufs – loueurs, entreprises ou particuliers – les revendent ensuite.
Mais ces dernières années, la mécanique a fait son chemin. Fermeture des installations industrielles pendant le grand confinement, pénurie de composants, chaos logistique, inflation… : les usines de la planète ont perdu leur capacité de production. Globalement, le marché automobile français s’est contracté de plus d’un tiers depuis la crise du Covid (2 214 279 voitures particulières en 2019 et 1 529 035 en 2022).
Un passionné d’automobile qui a tendance à changer de voiture tous les quatre à cinq ans constatera qu’avec le même budget, il ne pourra plus acheter le même type de voiture. Selon l’analyse de Centrale, elle devra débourser entre 5.000 et 8.000 euros de plus qu’en 2020 pour un véhicule de moins de 8 ans, ou 3.000 euros de plus si ce dernier a plus de 8 ans.
Le prix moyen est de 22 000 euros
Selon Centrale, le prix moyen d’une voiture d’occasion atteint désormais 22 000 €. En moins de deux ans, c’est environ 30 000 € ; il monte à 10 000 € entre 8 et 15 ans et 6 500 € pour les plus de 15 ans.
“Nous pensons que cette crise va se poursuivre et que les consommateurs doivent comprendre ce qui se passe, dit Jérôme Ponsen. L’objectif du baromètre est de simplifier le processus d’achat, alors que les prix des véhicules dont les technologies sont difficilement comparables deviennent de plus en plus opaques.”.
La hausse impressionnante des prix de l’occasion a même affecté la cote presque centenaire d’Argus. Il y a une semaine, Argus a décidé de modifier ses courbes de dépréciation pour s’assurer qu’il suivait mieux le marché. “Nous avons constaté un écart qui devenait trop important entre les prix de vente des voitures d’occasion et nos cotes, forcément plus basses”, – a souligné Olivier Flavier, vice-président de Mobility France du groupe Adevinta, maison mère de L’Argus et propriétaire de Bon Coin. Argus sert de guide pour la restauration automobile professionnelle, montrant la courbe d’amortissement pour chaque type de voiture à partir de son nouveau prix de vente.
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