quel avenir pour les stations de sports d’hiver

Peut-on dire que la fin du ski en France est pour bientôt ? ” Cela dépend d’où nous regardons, à quel terme, quel scénario de gaz à effet de serre sera suivi et quelles pratiques nous suivons », répond « Outside », Loïc GIACCONE, chercheur à l’Université de Georgetown (USA) avec l’économiste Gaël Giraud et originaire des Hautes-Alpes. ” J’ai l’impression que les récentes mises à jour des modèles climatiques pointent vers un réchauffement un peu plus important qu’on ne le pensait, du moins au niveau de la France. Je ne sais vraiment pas à quoi ça ressemblera en 2050. Mais ce qui est certain c’est qu’à partir de 2030/2050 ça risque de se compliquer pour certaines stations de basse et moyenne altitude “.

S’il existe des moyens très coûteux d’entretenir un enneigement suffisant pour skier sur la plupart des montagnes, le réchauffement climatique, dont on commence à mesurer les premiers effets, risque de mettre en péril le modèle économique de la plupart des stations de sports d’hiver. A moins que d’autres activités ne viennent attirer les amoureux de la nature, ou presque, encore plus.

Il est vrai que Noël n’est pas la meilleure période pour skier, car l’enneigement n’est pas toujours à la hauteur. Cependant, il semble que nous ayons atteint de nouveaux sommets cette année, certaines stations, notamment de basse et moyenne montagne, ne pouvant pas ouvrir ou voir leurs pistes fermées aux skieurs. Et même si les prévisions d’enneigement pour février sont souvent plus favorables, l’hiver trop doux que nous connaissons risque de raccourcir les horaires d’ouverture de certaines stations. La valeur de l’or blanc, qui a enrichi de nombreuses stations alpines, pourrait perdre de sa valeur à mesure que les températures continuent d’augmenter.

“Persister dans les anciens modèles économiques ou oser un vrai virage en embrassant un avenir moins lucratif pour remettre la nature au centre de nos vies.”

Et si on admettait enfin que la poule aux œufs d’or est épuisée ? Qu’il a une grave blessure à l’aile et que pleurer jusqu’à la pulpe est improductif ? se demande Coralie HAVAS dans Dehors. ” Pas facile étant donné les milliards que l’industrie du ski, largement soutenue par des fonds publics, a générés au cours des six dernières décennies. Douloureux pour tous ceux dont le quotidien en dépend aujourd’hui. Ce n’est plus le temps des lamentations, mais celui des changements “.

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Avec les chutes de neige du début d’année et ce qui se profile à l’horizon en termes de réchauffement climatique, quelles sont les solutions pour contourner les stations qui misent tout sur l’or blanc ? ” Rester dans les anciens modèles économiques avec des subventions et au détriment de l’environnement, ou oser un vrai virage et accepter sans visage un avenir moins lucratif, pour que la nature revienne au centre de nos vies ? poursuit Coralie HAVAS. Il existe des solutions, mais si elles sont permanentes, selon le dossier Outside, ce n’est pas moins certain.

Le ski est la poule aux œufs d’or qui fait économiser 10 milliards à la France. Raison suffisante pour que certaines collectivités s’obstinent à installer des canons à neige ou à pratiquer le “snow farm”, la production de neige artificielle qui peut être utilisée lorsqu’il n’y a pas ou peu de neige. Des solutions énergivores au bilan carbone assez désastreux qui ne fonctionnent que si la température reste assez basse malgré tout.

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D’autres ont déjà entrepris des démarches pour adapter leur domaine skiable, comme Valloire, station située entre le Col du Télégraphe et le Galibier en Maurienne. ” En dessous de 2 000 mètres d’altitude, le ski n’a pas d’avenir, surtout sur les expositions sud commente Jean-Marie Martin, responsable de la Société d’Économie Mixte (SEM) de Valloire. ” Nous laissons 20% de notre domaine en basse altitude pour le traduire en altitude “. Les pistes les plus basses seront donc fermées au profit de quatre autres situées au-dessus de 2000 m. Cependant, cette opération, qui coûte tout de même 8 millions d’euros au centre, menace de n’être qu’un dernier recours, car certains experts prédisent que l’enneigement de en montagne elle pourrait se réduire à un crachin d’ici 2050 et uniquement sur les sommets là où le ski est réservé à l’élite de la poudreuse.Dans certains massifs comme l’Auvergne, le Jura et les Vosges, l’activité hivernale a complètement disparu faute de de neige régulière.

“Soyons clairs, d’un point de vue commercial, les ‘quatre saisons’ n’apportent toujours pas autant que la neige.”

Reste un modèle quatre saisons qui délaisse le ski pour un modèle qui ne nécessite pas la présence d’enneigement pour profiter de l’air rafraichissant de la montagne. Certaines stations l’ont déjà essayé avec plus ou moins de succès.

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Nous envisageons de vivre longtemps le ski, tout en nous posant les bonnes questions pour anticiper le moment où cette activité sera moins régulière. “, explique Jean-Christophe HOFF, directeur des remontées mécaniques de La Clusaz en Haute-Savoie. ” En impliquant une population active et en développant ces expériences, peut-être demain choisirons-nous La Clusaz car c’est une destination qui a du sens et où l’on va vivre quelque chose de différent. C’est un atout que nous avons qui nous permet plus facilement que d’autres de nous engager dans cette diversification. “.

Des stations comme La Clusaz misent sur l’ambiance d’un village de montagne, préservé, avec ou sans neige, avec une offre touristique complémentaire du ski et du VTT. Ils s’appuient sur l’implication d’acteurs locaux dans des visites de fermes d’alpage, d’ateliers de production de Reblochon, de zones apicoles. L’environnement est idéal pour organiser des festivals culturels.

Soyons clairs, côté affaires, les “quatre saisons” n’apportent toujours pas grand-chose que la neige “, poursuit le chercheur Loïc GIACCONE. Mais les stations tablaient déjà sur le réchauffement climatique. C’est le cas de Métabief, station du Jura, habituée aux aléas de la météo en matière d’enneigement, considérée comme une pionnière européenne en la matière. Cette dernière entretient ses remontées mécaniques au lieu de les rénover et développe parallèlement les activités de pleine nature (VTT, trail…) avec la valorisation du patrimoine naturel et culturel. Un moyen pour les acteurs locaux de limiter les dégâts.

Lire le dossier complet sur Outside

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